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L’Entreprise libérée ou Agile, l’organisation de demain ?

18 juin 2020

Tout est parti d’un reportage : “le bonheur au travail”…

Ce documentaire – diffusé sur ARTE le 24 Février 2015 – présentait des témoignages d’entreprises “libérées” qui expérimentaient de nouvelles voies : changer la relation hiérarchique, faire confiance aux salariés, supprimer les contrôles, bannir la paperasse inutile…

Qu’est-ce qu’une entreprise libérée ?

Selon Isaac Getz, co-auteur du livre « Liberté & Cie », présenté également dans le documentaire, c’est une entreprise dans laquelle les salariés sont libres et responsables d’entreprendre toutes les actions qu’ils estiment les meilleures pour l’entreprise.

En résumé, comme le disait Jean-Francois Zobrist, alors à la tête de FAVI, entreprise de fonderie basée en Picardie et libérée depuis 1985 :

« La confiance rapporte plus que le contrôle. Un employé n’a pas besoin d’être contrôlé par un manager pour bien faire son travail car il connait mieux que quiconque comment il doit agir pour satisfaire son client. Pourquoi ? Parce qu’un salarié le fait naturellement lorsqu’il est dans les meilleures conditions de liberté et de bonheur au travail ».

C’est ce qui est montré durant le documentaire et parmi la demi-douzaine d’entreprises présentées, des françaises Chronoflex, FAVI ou Poult en passant par l’américaine Harley-Davidson, l’allemande Gore ou l’indienne HCL, l’exemple du ministère de la Sécurité sociale belge est sans doute l’un des plus étonnants. Lancé il y a une dizaine d’années, un nouveau mode de fonctionnement favorisant le télétravail (jusqu’à trois jours par semaine) et l’évaluation de la hiérarchie par les salariés a modifié en profondeur les conditions de travail et l’image de cette administration.

Bien sûr il y a toujours des Cassandre pour signaler que la surperformance des entreprises libérées serait uniquement due à une réduction de coûts salariaux, conséquence du départ des cadres et de leur remplacement par des responsables payés à des salaires de non-cadres. Mais ce serait très réducteur de penser cela, car selon Alexandre Gérard, PDG de Chronoflex :

« C’est vrai que chez nous, les team-leaders (animateurs d’équipe), bien que bénéficiant d’une augmentation qu’ils conservent même au-delà de la période de trois ans pour laquelle ils ont été élus, ne sont pas payés comme les anciens encadrants ». Mais « la masse salariale globale a augmenté ». Car les coûts salariaux sont gérés autrement.
« On tente de ne laisser personne au bord du chemin », précise-t-il.

Ceci n’a sans doute pas beaucoup de sens du point de vue de l’entreprise traditionnelle et ça tombe bien : ChronoFlex n’en est pas une. Ses pratiques organisationnelles ne visent pas des performances financières, mais la satisfaction des besoins universels des hommes et des femmes qui y travaillent.

Philosophes, les entreprises libérées sont convaincues que si leurs coéquipiers ont envie d’initiative, ils vont donner le meilleur d’eux-mêmes et rendre leur entreprise agile, créative et innovante. Quelle drôle d’idée !

Il s’agirait donc pour les managers de créer l’environnement qui pourra satisfaire les besoins fondamentaux des salariés, plutôt que de chercher à créer de la motivation à coups de primes de performance, d’investissements dans la R&D ou d’autres « programmes d’innovation ». On privilégie ainsi la motivation « intrinsèque » : Un salarié prend une initiative non pas parce qu’il y est obligé par son contrat, mais parce qu’il a envie de le faire.

L’entreprise libérée est donc une entreprise Agile

Elle est constituée d’unités à taille humaine dotées d’une culture d’agilité et orientées vers une finalité commune claire. Elle colle au client, développe son écoute de l’environnement et noue des accords (conventions) avec tous les acteurs pouvant l’aider à répondre aux menaces et aux opportunités qui l’entourent. Le co-développement fait ainsi partie de sa culture.

Évidemment une transformation Agile ne se fait pas en un claquement de doigts, car elle nécessite une forte autonomie des salariés, qui doit se construire et s’accompagner.

En tout cas, un des facteurs clefs de succès d’une transformation habile est lié à une reconquête de la dimension humaine. L’entreprise doit créer les conditions permettant de libérer les capacités créatives de chacun, tirer profit des savoir- faire et de l’intelligence collective.

Basés sur la coopération, la confiance et l’intelligence collective, les principes agiles favorisent l’épanouissement des générations Y et Z dans le monde professionnel, en laissant plus de place à l’intelligence intuitive et à l’émotionnel. Au niveau organisationnel, l’Agilité permet une complexité à taille humaine, une souplesse adaptative et une coopération à tous les niveaux.

En bref, l’expérience récente tend à prouver que l’Agilité constitue à ce jour une réponse tout à fait pertinente à la complexité du 21e siècle.

 

Laurent Fouache

Formateur et coach en entreprise

Responsable de l’offre Management & Efficacité personnelle – ACTINUUM

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